financements - 5 octobre 2022
Niets, spiritueux 0,0% distillés traditionnellement
Véritable révolution dans le monde très confidentiel des métiers de la bouche, la start-up Niets ne cesse de faire parler d’elle depuis sa création. Médaillée d’or au très prestigieux prix Epicure en 2022 et élue « Meilleure distillerie Belge » deux années de suite avec son Gin Botaniets, elle lance aujourd’hui un nouveau produit, « Havaniets », un rhum sans alcool qui vient compléter une gamme déjà très prisée par la plus grands noms de la gastronomie.
Alexandre, d’où vous est venue cette idée de lancer Niets ?
Je dis toujours que j’ai 50 ans mais que ce n’est en aucun cas une « midlife crisis ». Je suis en réalité un sportif amateur, je fais du trail de long distance. En 2018, j’ai décidé de réduire ma consommation d’alcool, comme de plus en plus de personnes aujourd’hui. Et tout a commencé comme ça, dans les bois, en train de courir, à chercher des alternatives. Et à l’époque, en 2018, que ce soit du côté de la bière, du vin ou du spiritueux, il y a assez peu d’offre et surtout, peu d’alternatives véritablement intéressantes gustativement. Et cela m’interpelle.
Le temps passe et un jour, je repense à mon arrière-grand-père, Georges Niets, qui était botaniste et c’est l’élément déclencheur. Il faut savoir qu’en botanique, c’était d’ailleurs l’objet de ses recherches à l’époque, il existe un principe fondamental qui dit qu’en associant deux éléments, comme le basilic et le romarin par exemple, il est possible de créer un troisième arôme. Et en fouillant la bibliothèque familiale, je suis tombé sur ses écrits, dont un petit carnet bleu, mon « grimoire » dans lequel j’ai découvert une recette théorique destinée à produire des breuvages sans alcool, à partir de techniques de distillation.
On est en 2019, je sors d’un parcours au sein de plusieurs grands groupes, dont Spabel, Delhaize, BMW, … et je décide de fonder Niets pour offrir un produit bien fait, issu d’une technique de distillation traditionnelle, bon et bien présenté.
Et là, c’est un peu le parcours du combattant qui commence car je vais trouver de nombreux distilleurs belges avec mon petit livre bleu et on me rit au nez. Jusqu’au jour où je rencontre deux distilleurs aux Pays-Bas, dont le plus âgé à 86 ans et que 18 mois plus tard, je reçoive ce fameux appel qui me dit « Ca y est, on y est ! ».
Et la folle aventure démarre ! N’étant pas un expert, je décide d’aller faire gouter ma recette à des restaurateurs pour obtenir leur avis : Matagne, David Martin, Harpin, Dionisos, Bistro Emile, Racine, et d’autres et ils me disent tous que ce produit est un « gin » et qu’ils souhaitent le mettre sur leur menu ! Ils commandent, et en une semaine, j’ai vendu mes 120 bouteilles de dégustation. J’en sors ensuite 300, 600, 2000 et à chaque fois qu’elles sortent, je les écoule tout de suite.
En quoi la marque Niets se distingue-t-elle des autres marques « sans alcool » sur le marché ? Qu’est-ce qui vous rend fier ?
90% des produits sans alcool sur le marché, c’est du thé, une infusion. Nous, on est 100% distillé, c’est pour ça que la gastronomie nous adore !
C’est un processus qui fait appel à un savoir-faire traditionnel. C’est tellement hors-norme que nous avons remporté de nombreux prix face à de grands noms : meilleure distillerie belge de l’année deux années de suite, une médaille d’or à New-York, on a aussi été sélectionné comme partenaire Gault & Millau pour l’édition de 2022.
C’est complètement dingue ! Deux ans et demi plus tard, j’en suis toujours à remercier mon aïeul. Grâce à lui, j’ai lancé 3 gins, sorti un rhum, créé 7 emplois et nous sommes en train de travailler sur de nouveaux produits !
Et ça ne fait que commencer ! Aujourd’hui, au quotidien, il se passe vraiment des choses qu’a priori, on ne pas prévoir quand on lance une start-up ! Et ce qui me rend fier, c’est d’avoir prouvé qu’en s’accrochant à une idée, on pouvait vraiment lancer un business durable. Pour le moment, nous sommes en train d’ouvrir l’exportation, de sceller des contrats de distribution à travers le monde, de renforcer nos équipes ! C’est totalement passionnant !
Qu’est-ce qui fait, selon vous, le succès de cette aventure ?
Ce qui est important, me semble-t-il, c’est de pouvoir trouver un équilibre, tant dans le cadre privé que professionnel. Au niveau professionnel, c’est très important de pouvoir compter à la fois sur son équipe et sur ses investisseurs. Ce sont eux qui rendent tout cela possible. Mais c’est un puzzle, tout doit être en équilibre pour que cela fonctionne !
Aujourd’hui, notre ambition, c’est de devenir le leader du sans alcool en Europe. Et nous avons déjà prouvé que c’était possible de changer la donne, en Belgique, avec une petite équipe.
Et là, je sais que mon expérience au sein de grands groupes m’aide au quotidien, à faire les bons choix, à trouver le juste arbitrage entre les opportunités, à être réactif aussi face à des signaux qui apparaissent parfois en quelques minutes !
A partir de quel moment dans le développement de votre entreprise avez-vous fait appel à des investisseurs et notamment à finance&invest.brussels ? Quels étaient vos objectifs ?
C’est très récent, cela date de juin 2022. Nous avons fait une demande de prêt convertible dans le but de supporter le développement de nouveaux produits et d’accélérer l’ouverture des premiers pays à l’export. Nous devons doubler nos équipes, deux ans après le lancement de la société. C’est fou !
Qu’est-ce que ça représente pour vous d’entreprendre à Bruxelles ?
Pour moi, c’est une fierté, ça fait partie de mon identité. Ca vient renforcer le dynamisme et la bravoure des entrepreneurs bruxellois. Et puis, c’est un contre-pied aussi. Parce que c’est plus facile de développer une entreprise en milieu extra-urbain, pour des raisons de couts, de complexité logistique.
Mais je suis Bruxellois, j’ai grandi à Bxl, j’ai bcp voyagé et je me sens redevable envers ma ville et ma région.
Mon rêve à court-terme, c’est d’ouvrir la première distillerie 100% sans alcool à Bruxelles.
3 mots-clés :
Persévérance, souci du détail et la débrouillardise : « être bricoleur, multi-tâches, et même parfois peintre et monteur de stand ».
Un conseil :
C’est toujours intéressant d’écouter les conseils et on en reçoit plein. Mais il faut aussi croire en son projet et rester sur sa ligne de conduite, continuer à apprendre et miser sur la persévérance, la sienne et celle de ses équipes.
J’ai été très impressionnée par ce que Niets a pu accomplir au cours des 2 dernières années, ainsi que par l’énorme potentiel qui les attend. Il s’agit notamment d’opportunités d’exportation, d’un élargissement de leur gamme et de la création de nouvelles recettes.
Elisabeth Leysen, Senior Financial Analyst
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